Depuis combien de temps exercez-vous votre profession et comment l’avez-vous choisie ?
J’exerce l’apiculture en tante qu’amateur depuis une trentaine d’années. J’ai décidé de monter une exploitation apicole semi-professionnelle depuis maintenant cinq ans, avec cinquante à cent ruches.
C’est la volonté d’entreprendre qui m’a conduit à investir, le besoin de monter ma propre exploitation, et également une certaine fascination pour cette activité. Au rucher, nous sommes les mains dans le vivant. Les écosystèmes forestiers sont fascinants de complexité et d’harmonie. Quel plus beau cadeau pour un forestier que de pouvoir offrir à sa clientèle le nectar d’un tel paysage ? J’ai baptisé mon entreprise « L’abeille forestière ». J’avais aussi envie d’un projet familial, que ce soit également le projet des enfants.

Comment la projetez-vous dans l’avenir ?
Le temps et l’investissement personnel donnent de l’aisance et je goûte aujourd’hui ce plaisir de beaux résultats. Les produits de qualité sont appréciés et notre clientèle s’est bien développée. Nos colonies sont dans une forme olympique, avec très peu de pertes hivernales. Nous sommes en milieu forestier, avec peu d’influences des grandes plaines céréalières et des voisins vertueux. Nous sélectionnons nos abeilles sur des critères de production, de douceur, de non-sensibilité aux maladies, mais également d’autonomie et de capacités à constituer leurs réserves hivernales.
Le succès de cette initiative et la passion de faire ne me laissent absolument plus de temps, et je dois demain partager la tâche pour conserver une ouverture d’esprit et d’action. Nous allons devoir gérer une expansion et trouver des associés soucieux des mêmes valeurs éthiques et de qualité.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient exercer votre activé ?
Pratiquez avec des professionnels, lisez régulièrement, et forgez-vous une éthique de production. Votre rucher sera à votre image. Répartissez les risques et évitez les paysages trop artificiels. Cultivez les contacts avec les acteurs qui vous environnent, agriculteurs, forestiers… Si vous avez un goût prononcé pour l’effort, de l’ordre et les reins solides, montez progressivement votre cheptel et donnez-vous régulièrement les moyens de juger vos actions , mais surtout et toujours, respectez l’abeille…

Combien de temps par jour consacrez-vous à votre travail ?
J’exerce ma profession principale la semaine. Je travaille à l’entreprise tous les Week-end et les jours de congé. Cela fait de belles journées des deux côtés. J’ai pensé que je ne « tiendrai » pas, mais j’ai trouvé une forme d’équilibre. Je souffle deux semaines dans l’année pour prendre l’air en forêt ou l’eau de mer.

S’il y a lieu, quelles seraient les demandes que vous formuleriez auprès de nos politiciens pour vous faciliter le quotidien dans votre activité et lui donner un avenir plus sûr ?
Oui, le constat que je fais est l’indispensable évolution que nous devons conduire pour trouver des modes de production qui soient durables la biologie de l’abeille est extraordinairement subtile, complexe, mais également tellement fragile. Le fait qu'elle nous fait prendre conscience non seulement de son importance, mais également des impacts qu’elle et beaucoup d’autres espèces subissent du fait de l’évolution de nos pratiques. Il y a un vrai et passionnant chantier, de vrais enjeux sur cette question. Il est vital de l’entendre.
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